Manifestation des étudiants et enseignants chercheurs à Paris le 10 février 2009

L'AG des étudiants et enseignants-chercheurs de l'université de Caen avait appelé à monter sur Paris pour participer à cette journée d'action. Un rendez vous était fixé à 9h30 à la gare afin de "réquisitionner" un train. Dès 9h15, des étudiants trainent dans la gare, chacun de leurs côtés. Puis, progressivement, les étudiants fumeurs se regroupent devant une entrée ; ce groupe finit par fédérer ceux qui veulent prendre le train. Dans le hall, un responsable de la gare se renseigne auprès des agents d'accueil pour savoir où se trouvent les manifestants ; visiblement, la SNCF a eu vent des intentions. Ce responsable se présente devant le groupe de manifestants vers 9h45 (le train est prévu de partir à 10h08). Il cherche dans un premier un "responsable" afin de pouvoir discuter. N'en trouvant pas, il s'adresse aux trop peu d'enseignants-chercheurs présents. Il propose d'emblée une réduction de 50% sur le tarif normal. Le calcul est rapidement fait, cela représente environ 15€, ce que beaucoup d'étudiants présents ne peuvent se permettre. Le responsable SNCF insiste sur le fait que le train ne partira tant que toutes les personnes n'ont pas de titre de transport. Cela importe peu les étudiants qui sont déterminés à monter coûte que coûte. Devant cette détermination, la SNCF fait un premier geste en proposant un aller-retour pour 10€. Mais les manifestants ne veulent pas en entendre parler car ils veulent monter gratuitement, comme cela a déjà été fait plusieurs fois. Afin d'établir un rapport de force en leur faveur, les manifestants décident de se rendre sur le quai vers 9h55, soit 15 minutes avant le départ sur le train. La pression est désormais sur la SNCF car les manifestants menacent de bloquer le train si ils n'obtiennent pas satisfaction. Un autre responsable de la gare arrive à la rescousse. La SNCF, pour que le train ne prenne pas trop de retard, fait une dernière proposition d'un aller-retour à 5€. La proposition est lancée dans les deux wagons déjà occupés par les manifestants. Elle est acceptée sans difficulté et la collecte de l'argent commence rapidement. La somme de 500€ est recueillie et remise au chef de gare qui remet le précieux billet. Les manifestants font preuve de bonne volonté en indiquant l'heure du train qu'ils comptent prendre pour le retour afin de prévenir la gare Saint Lazare. Sur le quai, un policier du SDIG (ex-RG) observe la scène de loin. Le train peut finalement partir avec seulement 4 minutes de retard. On comprend encore mieux l'empressement de la SNCF de voir de train partir lorsque, vers Bellengreville, un convoi de nucléaire est croisé... Dans le train, les discussions vont on train, cela parle de la manifestation, des dernières déclarations de Pécresse (notamment son lapsus). La presse quotidienne, locale et nationale est épluchée.

Le train arrive à Paris à 12h20 avec quelques minutes de retard. Les manifestants se regroupent dans un premier temps sur le quai puis se déplacent au bout du quai où 3 policiers les attendent ; ils sont au courant de l'arrivée d'un groupe de Caen. Une première annonce est faite pour l'heure et le point de rendez vous du retour. Un policier demande d'ailleurs de ne pas utiliser le mégaphone dans la gare. Le groupe se dirige donc sur la petite place devant la gare, juste à côté des horloges. La question est alors de savoir quel moyen de transport va être utiliser pour rejoindre la Sorbonne, point de départ de la manifestation. Certains sont favorables à effectuer une longue marche à travers Paris, d'autres préfèrent prendre le métro. C'est cette dernière proposition qui réunit la majorité des suffrages. Le groupe d'une centaine de personne s'engouffre donc dans la bouche de métro située près des horloges sous les yeux des policiers qui restent en retrait. Comme pour le train, les manifestants n'ont pas l'intention de payer le métro, ils ouvrent donc les portiques de la station Saint Lazare afin de prendre la ligne 14 qui permet de descendre dans le sud de Paris. Après le passage de plusieurs personnes, le personnel de la RATP ouvre une porte automatique, ce qui permet de faire passer tout le groupe ainsi que des parisiens ravis de ne pas avoir à sauter les portillons. Les manifestants descendent dans les entrailles de la station Saint Lazare pour rejoindre leur métro. Des gendarmes en patrouille sons surpris de voir ces manifestants provinciaux qui trimballent drapeaux et mégaphone. Les manifestants descendent à la station Châtelet et sont obligés de terminer le reste du parcours à pied. La Seine est traversée par l'ile de la cité en passant devant le palais de justice de Paris où se juge le procès d'Yvan Colonna. Les forces de l'ordre sont présentes en nombre tout autour de l'édifice, ce qui impressionne de nombreux manifestants qui ne sont pas habitués à manifester dans la capitale. Le petit groupe de caennais est vite repéré par les forces de l'ordre mais elles se montrent discrètes. Après la traversée de l'ile de la citée, les manifestants arrivent directement sur le boulevard Saint Michel. De nouveaux convois de CRS passent, sirène hurlante, devant les manifestants qui les acclament ironiquement. L'arrivée devant la Sorbonne se fait sur les coups de 13h15. Par mégaphone, un rendez vous est donné à 14h au même endroit afin de constituer le cortège caennais. Dans le laps de temps qui sépare du début des festivités, les manifestants partent se rassasier dans le quartier Latin. Certains habitués des lieux prennent les petites rues pour trouver les sandwicheries les moins chères.

Il n'est pas encore 14h mais les abords du boul'Mich' sont déjà remplis d'étudiants provinciaux, essentiellement ; les organisations syndicales appelant à la manif se mettent progressivement en place. L'accès au Panthéon est rapidement barré par un cordon de CRS ainsi que toutes les petites rues qui mènent à la Sorbonne. Un petit groupe de caennais qui pensait prendre un raccourci se fait virilement repoussé par des gendarmes mobiles à l'entrée d'une rue : le port du mégaphone est déconseillé pour se déplacer autour la plus vieille université de France. Entre temps, la manifestation a débuté, le groupe caennais s'est vite reconstitué et la banderole "Université de Caen contre la casse du service public" fabriquée à la hâte la veille dans un local syndical est placée en tête. Les caennais se trouvent dans la première partie du cortège, juste derrière les corpos de la FAGE. En tête de gondole, les responsables syndicaux et des associations telles que "Sauvons l'université" et "Sauvons la recherche" répondent aux questions des journalistes. La manifestation est assez festive notamment par les "animations" des corpos STAPS qui font des démonstrations de haka. Par contre, on sent les différences de revendications entre les manifestants : rien que sur le décret Pécresse sur les enseignants-chercheurs, certains sont pour son abrogation alors que d'autres demandent juste une modification. L'écart est encore plus grand sur les sujets comme la LRU ou le LMD que la FAGE ou la Confédération Etudiante ne remettent pas en cause alors que beaucoup de banderoles demandent leur abrogation. Les caennais apportent leur contribution à "l'ambiance" avec les chants tels que la tactique du libéral ou Sarkozy nous voilà. D'autres universités se joignent au cortège caennais pour chanter avec eux notamment les aixois. On peut voir dans le défilé un panel de toutes les universités françaises (Toulon, Marseille, Rennes, Reims, le Havre, Lille, Paris, Orléans, Tours, Lyon, etc) mais aussi des laboratoires de recherche (CNRS, observatoire de Meudon, etc). Le parcours reste sur la rive gauche de la Seine en passant par le boulevard Montparnasse puis le boulevard des Invalides. Tout au long du défilé, les rues adjacentes sont systématiquement barrées par les forces de l'ordre, il n'y a aucun échappatoire ; ce qui impressionne bon nombre de caennais. Les manifestants passent devant le siège du conseil régional d'ile de France où son président, le socialiste Jean Paul Huchon est planté devant sur le trottoir. Certains caennais lui pourrissent une interview en criant derrière lui. La tête de cortège s'engage dans le boulevard des Invalides où la manifestation doit se terminer à 16h. Problème : le boulevard est fermée à son extrémité par un important dispositif de CRS, les rues adjacentes sont aussi barrées, les manifestants sont obligés de rebrousser chemin pour pouvoir sortir de la "souricière". Il faut dire qu'une de ses rues donne directement sur Matignon. Après l'appel à la dispersion lancé par la voiture de la FSU, quelques manifestants restent sur le boulevard. Les caennais, au lieu d'attendre, décident d'aller faire un petit tour devant les CRS. Le groupe agrège progressivement d'autres manifestants dont certains radicaux parisiens, visiblement attirés par les slogans scandés par les caennais "Paris, debout réveille toi!" et "Paris debout, émeute toi!". La banderole caennaise est placée à quelques mètres des CRS. Un "Sarkozy nous voilà!" est entonné que d'autres manifestants reprennent en choeur. Durant ce chant, une multitude de journalistes et apparentés journalistes filment et prennent en photo la chorale caennaise. Puis un manifestant s'approche des CRS avec une potence et un carton où est marqué "pour un omni président, une omni potence". Il se fait applaudir. Les CRS ont l'air de bien le prendre car beaucoup rigolent. Le groupe caennais repart et prendre l'avenue de Tourville, derrière les Invalides, pour sortir de la "souricière". La grande question est alors de savoir par quel moyen retourner à la gare Saint Lazare. Il est alors 16h45 et le rendez vous a été fixé à 19h15. Beaucoup sont fatigués et veulent prendre le métro mais la majorité préfèrent marcher et profiter de la ville. Il est alors décidé de remonter à la gare à pied. Tout autour des Invalides, les manifestants croisent les forces de l'ordre qui sont déployées pour barrer les accès à l'esplanade.

Le retour se fait un rythme très lent car les jambes commencent à donner des signes de fatigue. Sur le chemin du retour, les caennais doivent passer par les Champs Elysées. Avenue Franklin Roosevelt, le plancton du commissariat du 8ème arrondissement, situé sous le Grand Palais, hésite à prévenir ses collègues en voyant ce groupe manifestants. Il se décide finalement à rentrer dans le commissariat. Les caennais voient alors une Renault espace grise banalisée roder autour d'eux. Arrivés sur la plus belle avenue du monde, les caennais redéploient la banderole et posent fièrement près du rond point Franklin Roosevelt ; tout ceci sous les yeux de la police qui doit se demander ce qui se passe, en sachant que le palais de l'Elysée est à quelques encablures. Le groupe, par le plus grand hasard, se retrouve rue de la Boétie. C'est dans cette rue que se trouve le siège de l'UMP! Une fourgonette de police est garée en permanence devant le bâtiment. Les policiers en descendent et se placent devant "en protection" devant l'édifice sûrement prévenus de l'arrivée du cortège par l'espace grise. Aucune animosité de la part des manifestants mais plutôt de l'hilarité au passage devant ce "symbole" du pouvoir honni. Comble du hasard, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin arrive au même moment. Celui qui était, jusqu'au mois de janvier dernier, un des vices présidents de l'UMP est accueilli par quelques vannes. Il sourit poliment tout comme son voisin, le médiateur de la République Jean Paul Delevoyoe. Après cet événement imprévu, les manifestants remontent la rue de la Boétie jusqu'au boulevard Haussman où ils gagnent enfin la gare Saint Lazare. La plupart sont exténués par cette longue journée. Il est alors 18h et attendant le rendez vous de 19h15, certains partent boire un coup dans les bistrots non loin de la gare. D'autres partent faire les courses avec l'excédent d'argent collecté le matin. Tout se petit monde revient dans le hall de la gare vers 19h où un festin est organisé sur les bancs. Un groupe d'une quinzaine de policiers surveillent d'un oeil. Deux manifestants partent se renseigner auprès de la SNCF de la voie d'où doit partir le train de 19h59. Une fois tout le groupe quasiment rassemblé, les caennais se dirigent vers le train avant l'arrivée des voyageurs afin d'occuper deux wagons mitoyens. Le train part en laissant derrière lui deux caennais mandatés pour la coordination nationale. Dans les wagons, l'ambiance est plus calme qu'à l'aller, le repos est de mise pour beaucoup. L'arrivée à Caen se fait à l'heure prévue. Un dernier petit groupe fait une opération "tram gratuit" pour rejoindre le centre ville. En attendant le tram, le mégaphone est resorti et une tactique du libéral est chanté une dernière fois, la chanson se poursuivant dans le tram ! La descente se fait à l'arrêt "Place de la mare" pour une vingtaine de personne qui resortent la banderole afin de faire une simili-manifestation de nuit jusqu'à un bar du Gaillon.


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