Lettre ouverte au Maire d'Hérouville St Clair

Le 29 novembre 2004

Monsieur le Maire

Nous avons appris que l'Association « les amitiés islamo-chrétiennes » organisait vendredi 3 décembre 2004 une conférence ayant pour thème : « la famille : cellule de base de la société ?», salle polyvalente du Grand Parc. L'association « amitiés islamo-chrétiennes » s'est constituée il y a plusieurs années pour établir un dialogue entre musulmans et chrétiens, démarche tout à fait louable dans un monde où l'intolérance fait de graves ravages. Le sujet qui doit être évoqué n'est pas l'objet de nos préoccupations : quoi de plus naturel de s'interroger sur la place de la famille dans la société.

Par contre nous voulons attirer votre attention sur les prises de position publiques de l'un des invités qui doit animer le débat : Hani RAMADAN, directeur du centre islamique de Genève.

Nous voulons vous rappeler aussi l'engagement pris par la ville d'Hérouville en 2003.

Dans un texte publié dans « le monde » du 10 septembre 2002, Hani RAMADAN expliquait entre autre que, dans la mort par lapidation, l'homme ou la femme adultère pouvait, après sa conduite déviante, trouver un salut pour son âme.

Hani RAMADAN, à la suite de ses propos sur la lapidation, avait été congédié du lycée de Genève dans lequel il enseignait. Ses propos avaient fait grand bruit puisqu'ils intervenaient au moment où Amina Lawal était condamnée à mort par lapidation au Nigéria, pour avoir eu un enfant hors mariage.

A la suite des plaidoiries pour la défense des droits humains, au mémorial de Caen, en janvier 2003, un collectif « sauvons Amina Lawal » s'était constitué dans l'agglomération caennaise. La ville d'Hérouville y a participé activement, mobilisant largement la population.

Vous avez défendu Amina Lawal qui a été, lors de la fête des communautés en mai 2003, déclarée « citoyenne d'honneur d'Hérouville ».
Amina Lawal a été acquittée en septembre 2003, à la suite d'une mobilisation internationale importante. D'autres femmes nigérianes ont été depuis condamnées à mort par lapidation.

Hani RAMADAN écrivait dans « le monde » du 12 septembre 2002, à propos de la charia (la loi islamique) : « parce qu'il s'agit d'une injonction divine, la rigueur de cette loi est éprouvante pour les musulmans eux-mêmes. Elle constitue une punition, mais aussi une forme de purification. Il est interdit d'insulter le coupable. Après sa mort on prie pour lui »

Peut-on, sans réagir, dans une ville où Amina Lawal est citoyenne d'honneur, accueillir pour une discussion amicale un orateur qui considère la lapidation comme une « rédemption de l'âme » ?
N'est-ce pas se contredire ? N'est-ce pas un non sens ?

Mr RAMADAN n'est pas revenu sur ses prises de position sur la lapidation. En banalisant ses propos ne cautionne-t-on pas les violences faites aux femmes ?

Les récentes enquêtes viennent de souligner une fois de plus la fréquence des violences subies par les femmes de France.

Le 20 octobre dernier, à Marseille, le corps de Ghofrane HADDAOUI, jeune tunisienne de 23 ans, a été découvert massacré à coups de pierres (OF du 26 novembre 2004).

Quand une femme ne répond pas aux désirs ou la loi de l'homme, on peut la lapider ? pourquoi pas, si on peut la lapider quand elle est infidèle ? Certaines thèses peuvent faire des émules.

Nous vous appelons, Monsieur le Maire, à vous joindre à nous, ainsi que tous les démocrates, pour lutter contre la propagation insidieuse de l'obscurantisme.

La venue d'Hani RAMADAN ne fait-elle pas d'Hérouville une ville de non droit ? Qu'en pensez-vous, Monsieur le Maire, vous qui êtes garant de l'ordre public ?

Veuillez agréer, Monsieur le Maire, nos salutations distinguées.
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