Appel de la culture enragée
La culture est un droit!
Aujourd'hui, ses acteurs « s'enragent » car c'est ce droit qui est menacé dans le fond par la réforme de l'intermittence. L'accord du 13 novembre 2003 en vigueur depuis le 1er janvier 2004, excluant de fait 30 à 40 % des salariés intermittents va porter un coup fatal à la vie culturelle et à la création artistique en France. La disparition des compagnies les plus fragiles via ce protocole, les restrictions budgétaires (-50 à -70% des crédits alloués à l'éveil artistique au sein de l'Éducation Nationale, -20% des budgets des Centres d'Art, entre autres...); toutes ces décisions politiques mettent en péril l'accès du plus grand nombre à la vie artistique. L'accès à la Culture ne doit pas être une CHANCE liée au hasard de la naissance, mais un DROIT garanti à tous.
Les citoyens doivent aujourd'hui s'engager pour résister. Des surveillants d'internat et d'externat, archéologues, chercheurs, enseignants et personnels de l'Éducation Nationale, professionnels du spectacle (« intermittents »), chômeurs et précaires jusqu'aux étudiants, les mouvements sociaux de 2003 ont mis en évidence et à la connaissance de tous - malgré le brouillage médiatique - les effets dévastateurs de la mondialisation capitaliste. Ils ont démontré l'attachement profond des citoyens aux droits sociaux; du droit à des conditions de vie décentes pour tous (droit à un revenu, à un logement, à se nourrir) au droit à la Culture, à l'Éducation, à la Santé...Les mesures gouvernementales, européennes via l'OCDE, mondiales via l'OMC, visent partout à affaiblir les services publics et la protection sociale en prétextant les sauver.
Nous, artistes militants de la Culture enragée, appelons à de nouvelles formes artistiques et politiques de rencontre et d'échanges entre citoyens. Il est urgent de reconsidérer la question de l'art et de la culture, de ses sujets et de ses pratiques, de sonb organisation structurelle. Nous refusons la réduction de l'art soit à une noble distraction pour élites éclairées, soit à un accessoire de promotion des Conseils Régionaux, soit à un loisir de masse. Nous ne nous battons pas pour notre devenir dans la société du spectacle, nous nous battons pour vivre nos spectacles et pour que nos publics, des « quartiers » aux « zones rurales », les vivent avec nous. La Culture Enragée s'ancre dans la citoyenneté, dans la lutte pour l'égalité et la liberté, dans la résistance politique et culturelle. Elle s'inscrit dans la continuité des mouvements sociaux de 2002-2003, dans la lutte contre la précarité et la régression des droits sociaux et organise l'artistique au service de cette lutte. Nous appelons tous les artistes, militants, citoyens à organiser des manifestations de Culture Enragée en s'appuyant sur la charte de la Culture Enragée.
Nous choississons de défendre une société où l'intérêt général reste au coeur des pratiques culturelles, où l'enfant reste au coeur du système éducatif, où le malade reste au centre des préoccupations des services de santé, où les critères comptables, marchands et financiers ne sont pas les seules données qui fondent l'économie et le politique.
Ce que nous défendons, nous le défendons pour tous.
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