Lettre des journalistes grévistes aux auditeurs

Chère auditrice, cher auditeur,

Nous vous savons fidèles à nos antennes et particulièrement attachés(es) au service public.
Depuis le mardi 27 janvier, vos journaux d’information sont très perturbés. Nous vous devons des explications.

Si vous ne nous entendez plus, ce n’est pas seulement pour gagner quelques dizaines d’euros supplémentaires, mais aussi pour défendre un service public menacé.
Car aujourd’hui, nous avons le sentiment que la parole donnée n’est pas respectée.
Depuis 1974, toutes les entreprises de l’audiovisuel public (France Télévisions, RFO et Radio France) dépendent d’une même convention collective. Dans ce cadre, nos salaires sont censés être les mêmes, ce qui n’a jamais été le cas.
En 1994, après 17 jours de grève, un accord appelé « Plan Servat » signé par Radio France et le gouvernement de l’époque a permis de rétablir progressivement l’équilibre.
Ce plan prévoyait que, chaque année, ces disparités seraient réexaminées. Ce n’est plus le cas depuis 4 ans, et selon notre direction, le gouvernement ne veut plus entendre parler de comparaison entre nos salaires et ceux de France Télévisions .

Cette attitude, qui enterre de facto le Plan Servat, brise le lien qui nous unissait.
A terme, nous craignons qu’il y ait 2 pôles : la télévision publique d’un côté, la radio publique de l’autre. La seconde devenant le parent pauvre, n’ayant plus les moyens de fournir des programmes de qualité, non soumis à des impératifs publicitaires. Et nous savons que vous y êtes très sensibles.

Nous voici donc à la croisée des chemins. Si nous acceptons ce diktat, nous, journalistes de Radio France, qui avons choisi l’audiovisuel public pour son éthique, nous acceptons la fin d’une époque.

Croyez bien que nous sommes sincèrement désolés de vous imposer ce silence. Nous comptons sur votre compréhension et votre soutien.

Bien à vous,

Les journalistes grévistes de Radio France
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